Le Monde.fr, février 2008 (cliquez pour dérouler)
Extraits de la critique de Matthieu Deprieck
"Le Film de sa vie s'ouvre à chacun pour peu qu'il ait des yeux et surtout un coeur. Car le voyage sensoriel proposé par Julien Lahmi déroule une puissance visuelle et émotive remarquable. A partir d'un patchwork d'images numériques, 35mm et super8, la vie d'une femme, Elena, se recompose comme par magie.
C'est toute une vision de la mémoire qui se déroule."
"La mémoire chez le jeune réalisateur se fait par rebonds, par retouches et tâtonnements. Un souvenir chasse l'autre, une réminiscence se superpose à un reste mémoriel et les mots qu'inscrit Elena sur son cahier se chargent de ce que sa mémoire lui délivre au compte-gouttes." "Les faux-semblants se superposent, les mises en abyme se multiplient jusqu'à étourdir le spectateur, jusqu'à ce qu'il pénètre dans un état propice à la dégustation du Film de sa vie."
"L'appel au voyage résonne comme un cri de sirènes homériques et nous voici pénétrés du maelström d'images et de sons bâti par Lahmi."
CultureCie, mars 2009 (cliquez pour dérouler)
Extraits de la critique d'Axelle Emden
"Est-ce qu'elle est rêvée, est-ce qu'elle est passée, est-ce qu'elle est à venir? La vie, bien sûr. La forme du film de Julien Lahmi parle déjà de ce qui va être mis en scène: c'est à la fois la réminiscence et l'accouchement de... quelqu'un. On ne dit pas de n'importe qui, c'était quelqu'un. Quelqu'un, dans le langage courant, ça peut pourtant être tout le monde. Et tout le monde, c'est personne. Personne, étymologiquement, c'est un masque. C'est-à-dire précisément le contraire de l'être. C'est la représentation, c'est le mensonge, c'est le théâtre qui ne se dit pas, le théâtre social. Exactement tout ce qui n'est pas montré dans ces images. Ce théâtre, pourtant, est quelque part, ailleurs, là où on ne le voit pas. Il est peut-être la prison, une prison dont cette narratrice s'est échappée, car quelque chose a bien dû exister, qui l'empêchait de dire, qui l'empêchait d'écrire "Je".
"Comment doit-on prendre la parole? Pour raconter une histoire, qui est forcément un peu la nôtre, mais qui parlera à tout le monde ? On voudrait la prendre comme personne, cette parole. L'image, dans ce film-là, vient parler d'elle-même: loin d'être construite comme on en a l'habitude aujourd'hui, elle est brute, vraie, intime et confidentielle."
"Le sujet ? Je crois que Le Film de sa vie est un film sur l'existence. L'existence, originellement c'est être jeté là, dehors, dans le monde. Exactement comme cette petite, folle amoureuse de l'amant de la Chine du Nord, exactement comme elle dira des années plus tard à la fin du livre que l'amour était là, et que c'est précisément pour ça qu'elle ne s'en est pas rendu compte."
"Le Film de sa vie, c'est un film sur le rêve: il dit la vérité, quand on dort. Et ce n'est qu'une fois réveillé qu'il peut nous appartenir. Mais Le Film de sa vie est aussi un film sur le geste artistique: le droit qu'on se laisse à soi, ou pas, de prendre cette parole-là. Devenir quelqu'un, c'est peut-être simplement devenir soi. C'est impossible sans rêver sa vie. C'est impossible peut-être, aussi, sans se donner la liberté de raconter une histoire qui, de toute façon, ne pourrait pas être celle de quelqu'un d'autre."